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Le bonus avec un bout de dent à l'intérieur

En complément de l'interview, Marika Gallman nous a gentiment fourni un bonus :)
 

Pour ceux qui ont déjà lu le livre, voici la Genèse de Maeve, version intégrale. Je sais que c’est tentant à lire même si vous n’avez pas lu le premier tome, mais il y a du spoiler pour une bonne moitié de Rage de Dents, alors ne vous gâchez pas la lecture. Ça sera toujours là après que vous ayez lu le roman.

Bon je vous dis ça, mais moi je lirais certainement, et ensuite je lirais le livre et je me dirais « Ouais ouais, j’en étais sûre. » Mais faites-vous plaisir et ne vous gâchez pas une moitié de tome par curiosité. Même, c’est le genre d’info qui est plus sympa APRES avoir lu le roman. Vous pouvez me croire, c’est moi qui l’ai écrit : je sais.

Ouais, ça me dissuaderait toujours pas en tant que grande curieuse. Alors bon, on va dire : si vous avez lu jusqu’au chapitre 13, c’est bon, vous ne vous gâcherez rien. Mais si vous n’avez pas lu jusque là, je vous interdis de lire. Capisce ? Enfin pas moi, moi vous n’allez rien avoir à en faire. Maeve. C’est Maeve qui vous interdit. Et elle sait où vous habitez.

Donc on est là, elle m’a coincée dans une ruelle sombre de mon esprit. Elle s’est un peu détendue, mais c’est toujours pas ça. Enfin, de mon côté c’est pas ça. Le souvenir de la lame est toujours gravé dans ma chair, et je sais que je dois me gaffer, parce que si ça ne lui plaît pas, je risque de passer un sale quart d’heure. Alors je commence à lancer des idées, pas trop sûre de moi.

— Ça te dit de devoir tuer ton père ? Un peu comme dans un truc initiatique, quoi. Ça pourrait être le grand méchant, mais t’es pas au courant, et il t’a donné une partie de sa force, mais t’es pas au courant non plus avant un bon moment.

— Hun hun, elle a répondu sans me prêter attention, tout en continuant à se curer les ongles avec son couteau.

— Un peu comme dans Star Wars, ça serait cool, non ? J’adore Star Wars ! Oh et on pourrait partir sur un truc de prophétie, mais comme t’y croirais pas deux secondes, y aurait une sorte de dualité entre ce qu’il est écrit que tu dois faire, et ce que tu peux/dois/vas vraiment faire. Tu sais, c’est un peu comme dans Willow, Elora Danan est censée être l’enfant qui mettra un terme au règne de Bavmorda, mais au final, il suffit qu’elle naisse pour foutre la merde. C’est un bébé, quoi, elle ne peut techniquement rien faire à la reine à part lui gazouiller au nez.

— Ouais, ouais.

Là, elle réajustait son chignon. Elle déteste avoir des cheveux dans les yeux, ça la fout en rogne.

— En plus t’as déjà un caractère pire que Sorsha, donc ça va.

— Si tu me fous un pec, je te le dégomme.

— Ok, t’auras un géant taciturne à la place, ça te va ?

Elle hausse les épaules et se lève, commence à faire quelques étirements.

— Va pour le colosse, alors. Bon, si ton père est le méchant, tu peux pas trop avoir grandi avec. Tes parents sont morts quand t’étais bébé. Orpheline, c’est pas mal, non ? Ça attire la sympathie et tout, comme Harry Potter. Tout le monde aime Harry Potter. Tiens, ton grand-père pourrait être un sorcier.

— T’as de trop bonnes idées. Tu devrais les vendre, peut-être que tu pourrais prendre des vacances au camping de la Pichette.

— Ça serait une vachement bonne idée, je continue en faisant les cent pas, sans l’écouter. Ça serait ton grand-père maternel, comme ça tu aurais les deux héritages. Et bien sûr, les vampires seraient incapables de se reproduire, ce qui ferait que tu serais un mélange totalement original, du jamais vu, et ça justifierait que tu sois l’enfant de la prophétie.

— Wah, à ce train-là, tu vas même pouvoir te payer une tente.

— Bon, on récapitule. T’es orpheline, élevée par ton grand-père magicien, ton père est un méchant vampire et tu dois le tuer parce qu’une prophétie l’a annoncé. Tu vis ta vie normalement jusqu’au jour où tout bascule et t’apprends l’existence des vampires. Ça commence à prendre forme, mais il manque encore un truc…

Et je réfléchis. Ouais, il manque un truc, mais quoi ?

— Ah je sais ! De l’amour ! Il faudrait un beau v…

Et là, j’ai un couteau sous la gorge, et une petite furie qui me regarde avec l’œil qui brille tellement qu’on dirait qu’il est blanc.

— Si tu me fous un beau vampire sexy, je veux bien le sauter, mais après il dégage. Je déteste les clichés.

J’ai les bras levés, le cœur qui bat à cent à l’heure, je suis à deux doigts de l’arrêt cardiaque.

— T’inquiète ! T’inquiète, Maeve ! Je déteste les clichés aussi ! Tu te souviens ? Tu sors de ma tête. Tu sais comment c’est, là-dedans. C’est fouillis, y a plein de références geeks, de l’humour plutôt débile et des pensées pas très cohérentes. Tu le sais, hein ?

Ses yeux s’étrécissent. Si on ôtait le capuchon de la faucheuse, je suis sûre que c’est ce visage qu’on verrait apparaître.

— T’as plutôt intérêt, qu’elle grogne. Et si jamais je vois l’ombre d’un loup-garou, je démissionne. C’est green ?

— C’est green ! C’est super green !

Ma poitrine est toujours agitée par un raz-de-marée intérieur. Elle relâche un peu la pression qu’elle exerce sur mon cou, la lame s’éloigne d’un demi-millimètre, et la bougresse se met à sourire.

— C’est marrant comme ton cœur s’accélère quand t’as peur, qu’elle dit. Ça pourrait être encore plus marrant que le mien fasse exactement l’inverse, vu que je suis à moitié vampire.

Et là, on sourit toutes les deux.

La moitié du premier tome pose à peu près ces bases. Après on a encore beaucoup causé, et on a fait une histoire bien huilée où on prend plaisir à aller dans des directions qu’on n’attendrait pas forcément vu le pitch de base. Dans son dos, j’essaie de la rendre progressivement plus accessible, plus humaine. Pour le moment, je m’en sors sans dommage, mais je dois faire attention, elle me menace régulièrement de me couper un doigt pour voir s’il repousse.