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J'ai peur d'espérer

Daté du 9 février 2010
Traduit par Tan

Ai fini de travailler à 2h du matin, me suis couchée à 3h. L'alarme a sonné à 6h. Se lever après seulement 3 heures de sommeil fut brutal. Le pire c'était le fait que le livre que je suis en train d'écrire, Bullet, l'Anita Blake de Juin, n'était toujours pas terminé. Des jours et des nuits à malmener le nombre de pages et la fin continue à m'échapper. Je suis assise ici à presque 17h et je n'ai toujours pas fini. J'ai une chance de terminer cette nuit avant le lever du soleil si je peux trouver l'énergie, mais je ne sais honnêtement pas si j'ai encore en moi le courage d'affronter une nuit tardive. Jonathon, mon mari, et Carri, mon amie et assistante, restent tous les deux éveillés avec moi comme ils l'ont fait pour les fins de Flirt et Divine Misdemeanors. C'est merveilleux qu'ils se relayent pour m'aider avec la technologie et de la caféine chaude, mais ça veut dire qu'aucun de nous ne se repose du tout. D'habitude ce type d'emploi du temps dure un jour, deux au maximum. J'ai fait de 22h-2h ma tranche horaire d'arrêt d'écriture depuis des semaines maintenant. Il y a peu de nuits où ça n'a pas été le cas. On a été à un enterrement il a 2 semaines et ça nous a pris pas mal d'énergie à ma muse et moi. On est parti 3 jours pour la promotion de Flirt. J'ai pris du plaisir à rencontrer et saluer tout le monde à la dédicace. On a adoré visiter avec Jennie Breeden de "Devil's Panties" et Happy Goth et leurs potes, mais ça a été 3 jours de perdu alors que le livre était chaud-bouillant. Je m'étais finalement remise sur pieds après l'enterrement et ça avançait vite avec le livre. Un jour d'absence si proche de la fin du livre et la chaleur s'est refroidie. 3 jours furent fatals.

Mais la date butoir menaçait et je nous ai fouetté ma muse et moi-même pour qu'on se remette au travail, et nous avons travaillé. On a fait plus de pages que je n'ai pu en compter jusqu'à présent. Et me voilà, assise à écouter de la musique à fond pour m'aider à me tenir éveillée et alerte. Je continue à relire les pages et elles se lisent bien. Au fil des années, j'ai découvert que mon humeur, mon niveau de fatigue, ou de repos, n'ont presque rien à voir avec la qualité de ce que j'écris. J'ai écrit de très bon trucs alors que je pleurais de manière hystérique face à mon ordinateur, baignant dans le chagrin et la souffrance. J'ai écrit des pages tristes alors que j'étais heureuse dans la vraie vie. Les pages heureuses sont plus dures à écrire quand je suis moi-même, personnellement, malheureuse.

J'ai su que j'étais dans à fond dans Bullet quand, dimanche après la gym, Carri et moi sommes sorties dehors et j'ai été surprise de voir la neige et d'avoir froid. C'est l'été dans le livre et j'ai atteint ce moment magique quand le monde d'Anita est presque plus réel que certaines parties du mien. Je les garde en tête, elle et ses amants, comme une chanson qui me trotte dans la tête. Je connais la mélodie, les paroles, je connais la chanson. J'aime vraiment cette chanson. Mais j'ai beau l'aimer, et même adorer Anita et sa clique, je suis fatiguée. Je languis de finir de la façon dont vous languissez en attendant le retour de voyage d'un être aimé parti depuis longtemps. J'ai besoin de dormir, et de temps loin de l'ordinateur. J'ai besoin de remettre en état cette partie de moi-même où vit la muse et où grandissent mes idées. Nous sommes tous fatigués, ma muse, mes personnages, et moi. C'est comme un marathon où je vois la ligne d'arrivée, et je donne cette dernière impulsion d'énergie qui use toutes mes batteries pour donner cette dernière poussée, seulement pour découvrir que la ligne d'arrivée a été reculée juste un peu plus loin. Je suis donc assise et j'ai peur d'espérer pouvoir effectivement finir ce soir. J'ai peur d'espérer, sachant que j'ai presque fini. Merde ! Mais je le suis, mais est-ce qu'une nuit de plus à malmener mon travail m'amènera à la ligne d'arrivée, ou vais-je encore arriver à 3h du matin et encore me lever quelques heures plus tard avec le livre s'étalant toujours devant moi ? Putain, je n'espère pas.