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Le long silence - Traduction du blog de LKH

Daté du 12 avril 2011
Traduit par Tan

Désolée pour le long silence les gars, mais j'en avais besoin. J'avais besoin de partir et de ne plus écrire pendant un temps. Ce laps de temps sans écrire a été le plus long de ma vie d'adulte. J'ai même laissé tomber Twitter et Facebook. J'ai fini par comprendre que ma muse et moi-même avions besoin d'une coupure totale et absolue : pas de blogs, pas de newletters, pas d'histoires courtes, pas de romans ; rien. Nous avions besoin de nous reposer.

Je viens enfin de recommencer à prendre des notes. La muse me jette des coups d’œil. Les idées s'emparent de moi à nouveau. En fait, je n'ai jamais écrit autant de poésie de ma vie. Certains textes sont même plutôt pas mal. *Rires*. Les poèmes sont trop personnels pour être partagés pour le moment ; peut-être un jour. Je redoutais de dire ce que ma muse et moi-même avions choisi comme prochain projet de livre, parce qu'une fois annoncé, vous allez avoir hâte de le voir fini, et toute cette énergie venant dans ma direction peut enrayer le processus, comme si plus votre désir pour le livre est grand, plus il devient difficile pour moi de l'écrire. Peut-être que c'est un problème personnel mais quelqu'en soit la cause, ça me rend réticente à partager mais j'ai décidé d'être une grande fille et de dire : au diable ! Merry – Je prends des notes pour le prochain Merry. Elle et moi avions besoin de cette coupure.

Je ne suis pas sûre qu'elle sera prête dans les temps pour que ce soit le prochain livre publié mais je peux vous dire que les bébés seront nés et que Frost et Doyle m'ont manqué à moi aussi. En dehors de ça, soyez indulgents avec moi et laissez le temps au livre de grandir de lui-même. J'essaye d'écrire selon un rythme qui me paraît plus naturel pour moi et mes personnages.

Il y a longtemps, ma muse m'a attrapée par la main et m'a tirée sur mes pieds chancelants jusqu'à ce que je sache courir à ses côtés, puis ça a été à mon tour de saisir sa main et de la tracter. Pendant un temps, elle a tenu le rythme et a couru avec moi mais finalement elle a ralenti, vacillé et a refusé de continuer. Elle me jetait des coups d’œil de temps à autre et les personnages et la force de mon écriture m'ont permis de continuer pendant un temps mais en fin de compte j'ai dû payer le prix pour avoir pris de l'avance sur ma muse.

Quel a été ce prix ? Une fatigue profonde et totale. Une lassitude et une absence de plaisir qui se sont répandues et ont essayé de ronger ma vie. J'avais travaillé dur et depuis trop longtemps pour laisser faire, je me suis donc mise à la méditation quasi-quotidiennement, me raccrochant à mon chemin spirituel comme un naufragé au dernier débris qui le maintient la tête hors de l'eau. J'ai épousé la gym à bras le corps. J'ai perdu 23 kilos et me suis musclée ; je n'ai pas repris de poids depuis 3 ans et j'espère gagner encore du muscle. Mon mari, Jonathon, et moi avons renouvelé et réinventé notre mariage et notre famille pour que ça nous corresponde mieux. On a tous les deux repris notre thérapie. Jon a commencé à apprendre à tricoter et à jouer de la basse. On a trouvé Pilar et Carri ; une famille de choix qui nous aide à embellir les choses y compris les jours où tout devient un problème d'un seul coup ; c'est toujours un plus. A nous quatre, nous avons travaillé sur nos problèmes et on communique comme une bande de joyeux drilles. Vive nous ! Trinity, notre fille, s'épanouit dans notre nouvelle famille étendue avec Tia Pilar, Carri et une relation proche et emplie d'amour avec les parents de Jon, Mary et Art ; c'est un effort collectif.

Une chose que j'ai dû faire c'est redéfinir ce qu'était mon travail et ce que je voulais avoir comme vie. Je suis auteur, une romancière et par bonheur avec du succès, mais ça n'est pas tout ce que je suis. C'est avec un certain choc que j'ai réalisé que j'avais oublié comment m'asseoir tranquillement dans une pièce toute seule et regarder par la fenêtre, ou simplement lire les livres des autres pour le plaisir. J'avais oublié de prendre du plaisir à me retrouver avec moi-même et comme tout le monde passe la plus grande partie de sa vie avec soi-même, c'était un problème. J'ai retrouvé ce sentiment de bien-être à me retrouver en ma propre compagnie et je me sens mieux grâce à ça.

J'ai aussi fait la connaissance d'amis qui m'ont appris à vraiment m'amuser. Certains qui ont entamé ce processus avec moi se sont perdus en route, comme s'ils avaient oublié l'essence même de ce que signifie s'amuser et faire la fête qu'ils m'avaient enseigné, mais c'est leur choix, moi j'ai choisi la joie. La joie de mon travail, de ma famille, de mon mariage, de mes amis, de ceux encore plus proches de moi que des amis qui me laissent sans voix quand il s'agit de décrire ce qu'ils représentent pour moi.

Je continue à découvrir que les choses concrètes me rassurent et m'aident à être heureuse. Soulever des poids est carré ; soit vous pouvez soulever ce poids, soit vous ne pouvez pas. Une barrière est soit assez solide pour retenir des yacks, soit elle ne l'est pas. (Oui j'ai bien dit yacks. Ils appartiennent à des amis. Un jour, j'écrirai peut-être un post dessus). L'une des choses les plus précieuses que j'ai apprise c'est que j'avais besoin de quelque chose pour équilibrer la lumière et l'air dans mon boulot. Tout art est ambigu – une personne va aimer un livre, et la suivante va détester ce même livre, ironiquement souvent pour exactement les mêmes raisons. J'ai eu des reproches négatifs de fans parce que j'étais trop gentille, que personne n'était aussi gentil. Quand les gens sont en colère contre vous parce que vous êtes trop gentils, ça fait du bien de prendre du recul et d'arrêter d'écouter les deux sons de cloche. Il était temps de me retourner vers moi-même et de me demander ce que je ressentais, ce que je pensais sans écouter la clameur. Je ne savais honnêtement pas ce qui allait se produire en revenant à la surface pour reprendre mon souffle, tout ce que je savais avec certitude c'est que si je ne prenais pas du temps pour moi, je n'allais pas m'en sortir. Vous ne pouvez pas toujours prendre de l'avance sur votre muse, car à la fin vous vous retrouvez seuls et vous vous égarez.

Ma muse m'a rattrapée. Elle et moi marchons main dans la main maintenant – de temps en temps elle s'absente pour faire des choses mystérieuses propres aux muses, mais elle revient fraiche, revivifiée avec une bouffée d'inspiration à partager. Parfois je m'en vais pour m'amuser – avec des amis, la famille, la nature, les animaux ou juste moi. J'ai redécouvert mon amour pour le plein air et je suis le point de refaire connaissance avec les chevaux. Je suis à une semaine d'un nouvel engagement encore plus sérieux vis à vis de mon programme de fitness. Jon et moi avons encore 2 voyages planifiés dont l'un est pour le boulot, mais on s'est arrangé pour rajouter un jour pour en profiter. Je ne vais pas oublier que j'ai besoin d'un équilibre entre le travail et la détente. Que j'ai besoin d'une vie loin de l'ordinateur car c'est la vraie vie qui m'aide à alimenter ma vie imaginaire. Je ne parle pas de recherches pour les livres, je parle de choses qui me rafraichissent et me régénèrent entièrement. J'ai découvert des choses surprenantes qui m'aident à équilibrer l'imaginaire et la réalité. J'ai été où les esprits m'ont guidée, parfois en résistant un peu, mais j'ai avancé dans la foi et la croyance. La foi en la Divinité tout d'abord puis la foi en moi et la Divinité. La croyance marche de la même manière. J'ai avancé à l'aveuglette et pratiqué le vieil adage "let go and let God (ou Goddess)" (ndt : formulation issue de la méditation et du yoga signifiant baisser la garde, s'ouvrir, lâcher prise et laisser Dieu/Divinité se charger du reste). C'est l'une des choses les plus difficiles que j'ai jamais faite, mais ça en valait la peine, même quand je pleurais plus que je ne souriais. Avancez sur votre voie ne veut pas dire que vous ne souffrirez pas, ça signifie que la douleur en vaut la peine. Parfois vous devez réduire en pièces quelque chose pour pouvoir le reconstruire et ça vous inclut aussi, et ça a marché pour moi. Il y a des moments où j'ai pleuré en rêvant d'un chemin plus facile mais en fin de compte je n'échangerais mon parcours pour aucun autre. C'est le mien et mon cheminement a fait de moi ce que je suis et continue à me construire et à me modeler en un moi meilleur, plus heureux, plus productif, plus joueur que je n'ai jamais été. Amen !