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Parfois, je mens d'Alice Feeney

Editions Hauteville

« Je m'appelle Amber Reynolds. Il y a trois chose que vous devez connaître à mon sujet : je suis dans le coma ; mon mari ne m'aime plus ; parfois, je mens... ». Amber est inconsciente, dans un lit d'hôpital, prise au piège d'un esprit actif mais d'un corps inactif, capable d'entendre et de comprendre, mais incapable de communiquer avec les rares proches qui lui rendent visite ou le personnel soignant. Comment est-elle arrivée là ? Elle nous livre ses pensées, parfois confuses, alors qu'elle s'efforce de mettre en ordre les morceaux épars de sa vie, plongée dans son monde intérieur. Mais est-il possible de la croire alors qu'elle se déclare elle-même être un menteuse ? Un thriller psychologique aux rebondissements époustouflants.

 

Avis d'Edelweiss : 

« Parfois, je mens » est un roman à trois temps. Celui d’Avant « du passé », d’Aujourd’hui « dans le coma » et Alors « les semaines avant l’accident ».

L’écriture d’Alice Feeney est particulièrement addictive et fluide. Pourtant au premier abord on n’imagine pas une histoire comme celle-ci, bien loin d’être simple et ordinaire. 

Ce thriller psychologique est très bien rythmé et orchestré. J’ai été surprise de la tournure des événements. Pour me déstabiliser et m’embrouiller dans ma recherche du ou des coupables, il en faut beaucoup et ce fut le cas. Il y a une assiduité et une connexion incroyable dans le déroulement des mésaventures d’Amber, plongée dans le coma à la suite d’un accident.

Amber est une femme à la petite trentaine, épouse et journaliste de métier. Pourtant, elle n’est pas heureuse et cela se ressent. Les actes du quotidien peuvent parfois être éprouvants et dévalorisants. Que ce soit une remarque, un manque de confiance en soi, un geste déplacé ou encore un mensonge, la vie devient morose et suspicieuse. Ajoutez à cette histoire une amitié toxique et le tour est joué, vous tombez sous le charme de ce scénario digne des plus grands.

L’autrice nous montre la volonté de vivre de son personnage principal dans son huit clos. Comprendre ce qui lui est arrivé en écoutant les conversations autour d’elle est devenu son seul objectif. Chaque petite information est une pièce du puzzle qu’Amber essai de reconstituer. Alors qu’elle n’a plus accès à ses membres dans son lit d’hôpital, son cerveau carbure, son ouïe se développe et assimile le moindre détail la concernant.

Bien sûr, les questions fusent, les remarques désobligeantes envers elle se font entendre, la sensation de gêne ou de déjà-vu se ressent. Ce qu’on raconte sur elle est-il vrai? Amber prend son temps, essai de démêler le vrai du faux (tout comme nous d’ailleurs!) pour se remémorer ses propres souvenirs à l’évocation de sa vie relatée par autrui. Mais ses souvenirs sont là, bien présents et refont surface petit à petit avec un arrière-goût amer, et laisse le lecteur sans voix sur ses interrogations finales avec trois grandes vérités sur Amber qui ébranlent nos neurones.

L’ambivalence de la narratrice à raconter son histoire et à parfois mentir apporte une caractéristique assez particulière à l’intrigue. Le lecteur devient soupçonneux mais son univers est tellement éprouvant et si bien façonné dans ses réminiscences qu’on ne peut y voir autre chose que la douleur et la sincérité de ses propos.

Le cerveau d’Amber est-il toujours en bon état? Le doute est là et persiste car chaque nouveau chapitre est un appel aux révélations. Et ses éléments nous fascinent autant qu’ils nous déstabilisent.

Fabulation ou réalité ? Là se trouve le point fort d’Alice Feeney. La psychologie des personnages à âges différents est mise en avant et parfaitement soigné. Une sorte d’empathie nous envahit, de compassion face à l’amour inconditionnel qu’elle nous décrit et qui se révèle destructeur. Face à son incapacité à communiquer avec son mari et sa sœur, seuls intervenants réguliers dans le récit.

Je ne parlerai pas de ses personnages secondaires, car se serait trop en dire sur le déroulement de ce très bon thriller et il faut le lire pour découvrir qui est la victime, le bourreau ou le manipulateur dans cette histoire.

Amber nous offre son désarroi le plus total, le plus profond et nous tombons dedans sans hésitation. L’impuissance qu’elle souligne nous tire dans un cheminement mystérieux avec des notes d’espoir mais aussi d’ombres dans sa vie. Chaque personne à une facette cachée de tous, jusqu’au moment où elle se dévoile au grand jour pour nous laisser un final à se tordre le cou.

Je n’ai pas pu lâcher des mains ce roman, mon mari en a fait les frais le soir pendant un certain temps! Difficile d’entamer une autre lecture directement après celle-ci. Je me sentais obligée de tout lui raconter, à quel point ce roman m’a touché car automatiquement l’empathie prend le pas sur les machinations et l’autrice sait nous amener dans son filet pour ne pas en sortir indemne. 

On se sent piégé jusqu’au chapitre suivant qui nous éclaire de nouveau sur la personnalité d’Amber à des époques différentes. Mais le trouble persiste inévitablement jusqu’au déroulement final.

Maintenant, à vous de répondre à cette question : Qui est véritablement Amber Reynolds?

 

Citation :

 " Les gens ont tord de penser que le bien est le contraire du mal. Il ne s’y que son image inverse dans un miroir brisé . "

 "C’est une impression étrange de voir sa propre histoire à travers le regard d’une autre. Votre version de la vérité est un peu déformée car elle ne vous appartient plus. "

Plus d'infos : Hauteville

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