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Doute - Traduction du blog de LKH

Daté du 21 janvier 2011
Traduit par Tan

Le doute tue plus d'écrivains que le suicide. Peut-être qu'il ne les tue pas physiquement mais il peut détruire leur esprit, leur volonté, leur muse. Aucune muse n'est assez forte pour lutter seule contre un nuage de doutes. J'ai des doutes sur la fin de ce livre. J'ai des doutes sur la tournure que prennent les choses. Je ne suis pas sûre. D'habitude je suis toujours sûre, comme un glouton parti à l'assaut de la montagne plutôt que d'en faire le tour, je ne laisse personne ni quoi que ce soit s'interposer entre moi et mon objectif d'atteindre le sommet et de profiter de la vue depuis le point le plus haut, le plus froid et le plus sauvage. Mais là, j'hésite. Je suis bloquée au même point depuis plusieurs jours car je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de la voie à suivre. Anita et moi-même passons un sale moment. Encore une fois, ce livre porte sur une affaire de serial-killer et même si c'est amusant de poursuivre des monstres avec Edward, aka US Marshal Ted Forrester, c'est tout de même beaucoup de sang et de douleur. Je crois qu'Anita et moi sommes frappées par le syndrome des 10 ans à faire toujours le même boulot et on est simplement fatiguées.

Les gens me demandent pourquoi le contenu sexuel des livres s'est accru au détriment des enquêtes. Peut-être est-ce parce qu'elle et moi sommes toutes les deux fatiguées de croiser des victimes de meurtres. A combien de lieux du crime pouvez-vous vous rendre avant que ça ne pénètre tous les pores de votre peau et que vous ne puissiez plus effacer les images de votre esprit ? Qui ne préférerait pas se blottir contre un corps chaud plutôt que de contempler un carnage ?

J'ai appris à me divertir à me relaxer mais j'ai finalement réalisé qu'Anita avait besoin de vacances elle-aussi. Mon amie imaginaire a besoin d'une pause et pas seulement d'une pause d'écriture parce qu'elle ne fera qu'attendre mon retour et sera toujours enfermée dans cet endroit sombre de son esprit. Alors, que faire ? Puis-je écrire une histoire de vacances pour Anita où elle s'amuserait enfin ? Seriez-vous intéressés de la voir se détendre ? Si elle prenait des vacances, est-ce que ça serait comme Hercule Poirot qui ne peut se rendre nulle part sans qu'il y ait un mort non loin ? Je le jure, s'il existait vraiment, j'éviterais toutes les soirées où il se rend de peur d'être la prochaine victime. Je pense que c'est ce qu'il se produirait aussi avec Anita si elle partait en vacances, mais peut-être que ça serait bien ? Peut-être que quelques chapitres de détente et de soleil, ou quelque chose sans lien avec un meurtre, lui ferait suffisamment de bien pour qu'elle puisse se rendre sur le lieu du crime suivant sans avoir envie de vomir. Même Edward est en manque de sa famille et de ses enfants. Peut-être qu'on est juste tous en train de mûrir et que chasser des monstres n'est plus aussi amusant quand ça vous éloigne des gens et des choses que vous aimez ?

Je vais finir ce livre et peut-être jouer avec Merry ou avec l'idée pour la nouvelle série mais le prochain Anita inclura des vacances. Même s'il s'agit d'une histoire courte, elle a besoin d'une vraie pause sur le papier. Être moi-même reposée ne la repose pas elle et vice-versa. Non seulement j'ai besoin de distractions mais Anita aussi et c'est pareil pour Merry. Le sexe, même grandiose, ne suffit pas. On a besoin de faire l'amour à un endroit où la police ne peut pas nous joindre et nous faire sortir des bras chauds de ce fantastique partenaire pour jeter un œil à encore une nouvelle victime démembrée. C'est un tue-l'amour radical.