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Interview dans The Trades ~ 2 juin 2010

Laurell K. Hamilton : numero 1 avec une balle (d'argent)
by RJ Carter (
En anglais) / Traduction par Tan
2 juin 2010

Le genre vampire est en pleine floraison ces jours-ci et pendant de nombreuses années, le Trailblazer (ndt : SUV de la marque Chevrolet) du marché a été Laurell K Hamilton dont les romans Anita Blake, chasseuse de vampires ont constamment dominé les ventes. Avec sa dernière aventure : Bullet qui sort cette semaine, et sur le point de décoller pour une tournée nationale, l'auteur de St. Louis nous a consacré quelques instants pour nous donner sa vision des vampires et de leurs fans, ainsi que quelques gâteries sur le monde toujours changeant d'Anita Blake.  

Par définition, les vampires sont des monstres qui boivent du sang humain. A votre avis en tant qu'auteur d'histoires de vampires, qu'est ce qui fait que le vampire est un être romantique pour tant de monde ?

Je pense que ça remonte à Dracula de Bram Stoker et Carmilla de Sheridan le Fanu. A l'époque victorienne, vous ne pouviez pas parler librement de sexe dans un livre sans qui soit qualifié de pornographique, donc la morsure du vampire était un substitut pour l'acte sexuel.

Ça a commencé là. Pour le lecteur actuel, pourquoi le vampire est un tel attrait pour la romance ? J'étais un peu perplexe au début, même si c'est ce que j'écris. Je pense, après avoir parlé aux lecteurs à travers le pays, qu'il semblerait que les vampires sont le nouveau prince charmant. Les vampires sont beaux, bons au lit, ils semblent avoir de l'argent et accès à des choses que vous ne pourriez avoir si vous étiez un humain standard et ils semblent apparaître et vous ravir dans beaucoup de livre. Ils sont le nouveau prince charmant... qui est juste mort et qui ne vieillit pas, et boit du sang et ne peut pas sortir en plein jour dans la plupart des cas.

Donc tout ça en vaut le coup même si l'un d'eux peut y laisser sa vie en cours de route ?

Je ne peux parler que de mon travail -- en fait, je ne lis pas ce genre parce que quand je me lève de mon bureau à la fin de la journée, la dernière chose que je veux faire c'est lire quelque chose proche de ce que je fais la journée. Les chances sont que vous ne mourrez pas pendant le rapport dans mes livres. Le sang absorbé est juste ce qu'il faut pour faire monter la pression sanguine et après vous pouvez faire l'amour. Il y a un exemple où trop de sang a été bu pendant l'acte mais c'est l'exception qui confirme la règle, pas la règle.

Quelles autres qualités différencient vos vampires du reste de la masse ?

Je suis l'une des rares séries, à ma connaissance, dans laquelle les objets religieux marchent et se mettent à briller quand un vampire se comportent mal. Presque plus personne ne prend en compte l'aspect 'Foi' maintenant. Et j'ai été la première à avoir l'idée de vampires qui s'intégreraient dans la société et dont tout le monde connaitrait l'existence. C'est intéressant de revenir dessus et de se dire "eh bien, c'était un nouveau concept" parce que je n'avais pas réalisé que personne ne l'avait fait avant. Aujourd'hui, bien-sûr, plein de monde a pris le train en marche.
Ma série touche aussi plus au mystère et a plus d'enquête policière et j'ai l'impression que je fais plus de recherches sur les crimes réels que la plupart des auteurs du domaine. C'est la grosse différence. Je mets beaucoup de réalisme au milieu de mes vampires, zombies et goules. Je fais plus de recherches, me dit-on dans le milieu de l'édition à New-York, pour mes fictions que la plupart des gens pour leurs non-fictions -- ce qui me fait en fait assez peur, parce que j'aime croire que les livres qui ne sont pas de fictions sont très précis.

St-Louis offre quelques éléments d'architectures anciennes très beaux si vous levez le nez, particulièrement une poignée de châteaux d'eau qui ont toujours l'air de cacher des secrets impénétrables. Est-ce qu'il y a des quartiers particuliers que vous aimez peupler avec vos personnages, et y en a-t-il où vous aimez flâner pour vous mettre dans l'ambiance pour une scène ?

Je n'ai pas vraiment besoin de me rendre dans un quartier pour me mettre dans l'ambiance ; apparemment je suis l'un de ces heureux auteurs qui sont quasiment tout le temps d'humeur à travailler. J'aime ce que je fais, et mes personnages sont mes amis imaginaires, on s'entend vraiment bien ensemble.
J'aime Lafayette Square -- les maisons dans ce coin sont vraiment magnifiques. Il y a une rue dans Webster Groves où il y a les vieilles maisons victoriennes avec les grands jardins. Et Le Fox -- je suis désolée, Le Fox reste l'un de mes théâtres favoris. J'ai été dans des théâtres à New-York et à Broadway et je continue à penser que Le Fox est l'un des plus beaux théâtres où je me suis rendue.

J'essaye de ne pas le faire. Ma règle pour ma violence et tout ce qui arrive dans mes livres c'est que si la violence peut se produire sans ma magie ou la façon dont fonctionne mon monde -- si vous pouviez effectivement le faire en vrai -- alors je situe la scène à un endroit qui n'existe pas, juste pour que vous ne puissiez pas le trouver et vérifier si c'est vraiment arrivé là, sauf si c'est basé sur un crime réel commis par quelqu'un de réel. Si c'est la cas, alors je situe la scène dans un endroit réel. Sinon, vous pourrez retrouver la rue mais pas la maison exacte, ou l'endroit exact, en règle générale. J'ai commencé à faire ça après que des gens m'aient dit qu'ils cherchaient à retrouver les lieux où je situais mes scènes, parce que certaines de ces scènes faisaient peur. Comme une grotte sous-marine: j'ai déplacé celle-ci dans l'un des livres donc elle n'était pas exactement là où elle est réellement. Et j'ai eu, en effet, à la première séance de dédicaces, des gens qui avaient essayé de trouver cette grotte sous-marine. De la spéléo sous-marine est l'une des choses les plus dangereuses que vous puissiez faire, en spéleo ou plongée, et ils voulaient aller à cette grotte comme Anita et ils auraient pu se noyer ! C'est pour ça que j'ai situé la grotte là où elle n'était pas. Donc quand c'est dangereux, je les déplace pour que les gens n'essayent pas de les trouver et se blessent en essayant d'imiter.

Je n'avais pas pensé que des gens feraient des "visites vampiriques" de St-Louis.

En fait, les gens voudraient que je conçoive une visite. Beaucoup de gens me l'ont demandé. Je suppose qu'on pourrait, mais je pense que certains des autres auteurs n'ont pas eu les expériences intéressantes que j'ai eu avec les fans. Il semble que j'ai des fans très émotionnels et véhéments. Je serais d'accord avec une visite, je ne veux simplement pas que des gens essayent d'imiter les trucs les plus violents. Ça serait mauvais. Peut-être suis-je trop méfiante.


Dans Bullet, La mère de toutes ténèbres représente une menace extraordinaire pour Anita. Est-ce que la solution à ce problème se cache d'une certaine manière dans le titre ?

Le titre Bullet a été utilisé plusieurs fois soit comme source du problème soit pour le résoudre. Il y a des morts dans ce livre, et beaucoup de fusillades. On a des assassins en ville, et si je me retrouvais confrontée à des lycanthropes et des vampires -- surtout de grands méchants -- je voudrais pouvoir leur tirer dessus à distance.

Quelle est la position de Jean-Claude au sujet du retour de la mère de toutes ténèbres, comme elle représente une sorte de dieu vampire ?

Je ne pense pas que Jean-Claude soit du tout pour son retour. Il y a un vieux proverbe au sujet des gens que l'on vénère qui ont souvent des pieds d'argile et qu'une fois que vous ne les voyez plus comme tout puissants, ils ne peuvent jamais remonter sur le piédestal. C'est fini. Vous les voyez autrement que tout-puissants ; vous ne pouvez pas revenir en arrière et les vénérer une fois que vous avez réalisé à quel point ils sont imparfaits.

Avez-vous une fin précise pour la saga Anita Blake vers laquelle les livres vont se diriger ?

Non. On a une histoire qui se suit de livre en livre, mais j'essaye de faire en sorte que chaque livre soit autonome. Il y a des thèmes qui vont constituer la crise mais j'écris les Anita comme si c'était la vraie vie, c'est à dire on se dirige vers une sorte d'apogée, vers une sorte de désastre mais la vie continue. Au milieu de la chasse aux vampires ou aux lycanthropes et des tentatives pour déterminer qui elle aime et avec qui elle veut faire sa vie, il y a des choses ordinaires qui continuent d'arriver.

Quand vous êtes plus jeunes, vous pensez que quand quelque chose de vraiment horrible ou de vraiment merveilleux vous arrive, la vie autour devrait s'arrêter pour que vous puissiez apprécier le moment ou gérer la tragédie. La vraie vie ne s'arrête jamais, et vous finissez pas vieillir. Anita a enfin compris qu'il faut pouvoir tout gérer en même temps parce que c'est comme ça que ça fonctionne en vrai. La vie d'Anita est vraiment comme la vraie vie. Donc il n'y a pas de fin en vue pour le moment.

Est-ce qu'il a été établi dans votre travail si Anita Blake et Mererdith Gentry co-existaient dans le même monde ?

Ça n'a pas été dit explicitement dans les livres mais pour moi c'est clair qu'elles sont dans deux mondes différents. La raison pour laquelle Anita et Merry ne sont pas dans le même univers c'est parce que dans le livre 5 des Anita il y a eu un fey -- j'avais des fées dans ce livre. J'ai une ascendance Écossaise/Irlandaise, donc je savais des choses sur les celtes et les fées. Après l'écriture de ce livre et avoir fait des recherches pour les Merry... je ne savais en fait pas autant de choses que je pensais sur les mythes celtiques et le folklore. Toutes ces nouvelles connaissances que j'ai acquises, je devais être capable d'écrire quelque chose en me basant dessus donc j'ai décidé de complètement séparer les 2 mondes pour pouvoir écrire sur des bases mieux documentées. Si je me rends compte que j'ai tord sur un sujet, j'essaye de le corriger.

Certaines des aventures d'Anita Blake ont déjà été adaptées en comics par Marvel Comics. Y a t-il eu des offres acceptables pour un film ou la télévision qui pourrait résulter en quelque chose de plus visuel et est-ce quelque chose que vous souhaitez voir se produire ?

En fait, nous avions signé un accord avant que True Blood sorte, mais... Disons que je ne suis pas malheureuse d'être sur le point de sortir de cet accord et de me retrouver libre à nouveau. Je dis et redis que je préfère ne rien voir se faire plutôt que quelque chose où je m'assiérais dans le noir et qui me ferait dire : "Oh mon Dieu ! Dites moi que ça n'est pas à moi."

Tout le monde est vraiment chaud pour avoir des films. Je voudrais avoir quelque chose de bien fait, de plaisant et de haute qualité, mais si je ne peux pas avoir de la haute qualité mais juste du bien-fait alors je préfère continuer à écrire des livres et ne pas avoir à me soucier du reste.