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Interview Isabelle Troin

 
 
Avant de vous jeter à lecture perdue dans «Péchés Céruléens», accordez-vous une pause afin de connaître un peu mieux la magicienne qui transforme la langue de Shakespeare en français, j’ai nommé : Isabelle Troin, traductrice des tomes d’Anita Blake (entre autres). Nous avons eu le plaisir de lui poser quelques questions...
 
Pouvez-vous, vous présenter en quelques mots ?
Isabelle Troin : J’ai 39 ans, je vis à cheval entre Toulon dont je suis originaire et Bruxelles où travaille mon compagnon. J’ai deux vieux chats que j’adore et je suis passionnée par les voyages (Japon et USA essentiellement) ainsi que les chaussures (une centaine de paires dans mon placard qui n’en peut plus). 
 
Avez vous toujours voulu être traductrice ?
IT : Non. 
 
Quelles études avez-vous fait pour devenir traductrice ?
IT : Aucunes. Je suis diplômée de Sup de Co Toulouse, option gestion des produits de grande consommation... Je suis venue à la traduction (fantasy, SF et fantastique) plus tard, parce que les métiers pour lesquels j’étais formée ne me convenaient pas, que je parlais très bien anglais et que j’avais fait beaucoup de jeux de rôles. 
 
Combien de temps vous prend une traduction en général ?
IT : Ça dépend de la difficulté et de la longueur du texte. Le tome 11 d’AB m’a pris deux mois environ. 
 
Quelle est la série qui vous a le plus plu à traduire ?
IT : «Les seigneurs des runes», de David Farland, parce que c’est une histoire intense et tragique écrite dans un très beau style. 
 
Dans les AB, quel tome aimez-vous le plus ?
IT : J’ai beaucoup aimé les tomes 3 et 4 où l’univers de la série se développait et où le côté policier avait encore une place importante. 
 
Est-ce que vous lisez beaucoup en temps ordinaire ? Style ? Plus en anglais qu’en français ?
IT : Je lis énormément et de tout ! Beaucoup de bd et de mangas, avec une affection particulière pour l'œuvre de Taniguchi. Des romans contemporains anglais et américains, généralement en VO sauf pour ceux qui sont très bien traduits (Paul Auster chez Actes Sud, par exemple), mais aussi des romans japonais (je suis fan de Yoko Ogawa et Banana Yoshimoto) et français. Pas beaucoup de nouvelles, car ce format ne permet pas suffisamment de développer les personnages à mon goût. Peu de fantasy/SF/fantastique car ça me donne l’impression d’être encore en train de bosser, mais j’ai quand même eu un très gros coup de cœur l’an dernier pour la série «Kushiel» de Jacqueline Carey. 
 
Allez-vous continuez à traduire les inédits d’AB ?
IT : Tant que Milady voudra de moi ! (sourire).
 
Pouvez-vous nous donner une estimation de combien peut toucher un traducteur ou nous l’expliquer : est-il payé au mot ? Aux nombres de pages ?
IT : Nous sommes payés en droit d’auteur (X% sur les ventes), avec un minimum garanti qui s’appelle l’à-valoir et qui nous reste acquis même si le bouquin ne se vend pas du tout. Si jamais il se vend très bien et que les droits d’auteur générés dépassent l’à-valoir, nous touchons la différence une fois par an. Mais il est assez rare, dans le secteur de la fantasy (bit-lit incluse) que cela arrive. Quant à l’à-valoir, il est calculé en fonction du volume du texte (X euros le feuillet de 1500 signes). Ensuite, le revenu d’un traducteur dépend essentiellement de sa vitesse de travail, qui est très variable d’une personne à l’autre. Il est impossible d’indiquer un chiffre moyen. Un traducteur littéraire qui a du boulot en permanence et qui travaille sur des textes qui ne généreront pas de droits d’auteur supplémentaires gagne sa vie correctement, mais rien d’extraordinaire.
S’il est rapide et qu’il bosse sur du Stephen King, en revanche, ça peut être assez intéressant pour lui ! 
 
Quels conseils donneriez-vous pour ceux qui souhaitent devenir traducteur ?
IT : Être certains qu’ils supportent la solitude et qu’ils sont assez motivés pour s’astreindre à travailler chaque jour sans personne pour les surveiller ! Sinon, c’est un métier où le contact personnel est prépondérant. Plutôt qu’envoyer un CV, ou même un essai, que l’éditeur ne regardera pas, il faut aller à la rencontre des gens, par exemple sur les Salons du Livre et dans les conventions. 
 
Et pour connaître plus amplement Isabelle, vous pouvez consulter son blog : http://leroseetlenoir.blogspot.com/
 
Interview réalisé en février 2010, par Arcantane, pour La Gazette de Sigmund n°3