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Kiss the Dead Tour - Seattle - Traduction du blog de LKH

Daté du 09 juin 2012
Traduit par Tan

J'écris ce message pour parler de ce merveilleux événement organisé à Seattle alors que j'ai les palmiers et l'océan qui borde la Californie sous le nez. Plus chaud, plus ensoleillée et bien différent de l'Océan Pacifique de la côte nord-ouest. Les deux côtes ont le même océan, mais ici il y a du sable et des gens qui vont à la plage, alors que Seattle est plus centré sur la ville en elle-même, et sur les produits de la mer, et ne pense pas à y tremper un orteil. Jon et moi aimons Seattle, mais j'avoue être heureuse d'avoir du soleil à la place de la pluie.

Merci à tous ceux qui sont venus à l'Hôtel de Ville de Seattle hier soir où University Books avait encore organisé un événement extra pour nous. Merci à toute l'équipe, mais surtout à Duane et Art qui ont assuré notre sécurité, et à Michael qui a risqué sa vie pour prendre des photos. On a vraiment cru qu'il allait tomber de la scène une ou deux fois. La plupart des fans nous ont dit qu'ils nous avaient déjà vus au moins trois fois, ou était-ce quatre ? Je sais que vous voulez acheter les livres dès leur sortie, mais je suis étonnée que vous vouliez aussi assister encore et toujours aux séances de questions-réponses. Je suis heureuse d'être capable de vous divertir pendant 2 heures, et de donner envie à tant d'entre vous de revenir.

L'une des questions que j'anticipais le plus était : "Quand est-ce que le prochain Merry Gentry sortira ?" La majorité d'entre vous sait qu'il était prévu pour décembre. Hier soir, j'ai demandé qui me suivait sur Twitter ou Facebook. Plus de la moitié des mains se sont levées. J'ai ensuite demandé qui avait remarqué que je luttais avec l'écriture du Merry. À nouveau, beaucoup de mains se sont levées. J'ai écouté beaucoup de musique de Noël récemment, ce qui est indicateur quand je lutte avec un livre. Merry n'a jamais été contente du livre depuis le début, et moi non plus. Je n'étais pas sûre de ce qui n'allait pas au départ, mais, finalement, Merry m'a apporté la réponse. Si vous arrêtez de débattre avec vos personnages et si vous prenez le temps de écouter un peu, la plupart du temps, ils vous diront ce qui ne va pas. Et ce qui ne va pas, c'est que pour écrire un livre, il faut faire en sorte que la vie du personnage principal ne soit pas heureuse. Pour faire un livre intéressant, il faut que les choses aillent mal, et Merry est vraiment heureuse pour la première fois de sa vie, ou tout du moins depuis que son père est mort. Elle ne souhaite pas que je fiche tout ça en l'air. Elle a ses jumeaux, les hommes dont elle est amoureuse, et les hommes qui l'aiment ; tout va bien. Je pense sincèrement que j'aurais dû arrêter la série au tome 7, Les Ténèbres dévorantes, mais j'étais toujours sous contrat pour d'autres livres et j'aime toujours ce monde. Je ne pouvais pas non plus m'imaginer ne plus écrire sur Merry, Doyle, Frost, Rhys, Galen... arg ! Tout le monde. Mais si je m'étais arrêtée au tome 7, j'aurais pu lui offrir une belle fin heureuse et passer à autre chose. Ça n'a pas été le cas, j'ai écrit le tome 8, Péchés divins, et même là, ça aurait pu s'arrêter, mais j'ai laissé planer l'amorce d'une intrigue de taille. Queen Andais, la tante de Merry, est devenue complètement folle et s'est transformée en une sorte de tueuse en série, sauf qu'elle s'en prend à des victimes qui ne peuvent pas mourir. Si elles pouvaient mourir, elle les torturerait jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les gens sont en train de fuir vers Los Angeles pour rejoindre Merry et ses hommes. Andais ne tolérera pas ça longtemps, et, qui plus est, Merry ne peut pas laisser son peuple aux mains d'Andais. Si je n'avais pas introduit cette dernière touche de folie de la reine, on aurait pu s'en tenir là, mais je l'ai écrite et maintenant, on est coincés. Merry ne peut pas laisser Andais sur le trône, mais elle a peur de mourir si elle se confronte à elle et que les bébés fnissent orphelins et perdent tout. Merry veut qu'on lui foute la paix, et je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Que faire alors ?

J'ai pris un jour pour me vider la tête et écrire quelque chose d'autre, parce que parfois une idée interrompt le fil conducteur de ma créativité. 50 pages plus tard, j'avais le début du Anita Blake suivant. J'étais prête à écrire, c'était reparti. Je suis retournée sur le Merry parce que c'est ce qui doit sortir en premier. Et à nouveau, l'écriture s'est ralentie au point de stagner. J'ai donc repris un jour et 30-40 pages plus tard, j'avais le début d'un tout nouveau livre se déroulant dans un tout nouvel univers, avec un personnage principal inédit. Ce livre est presque prêt à être écrit, j'ai juste besoin d'un peu plus de temps pour construire l'univers, mais le personnage, la voix et l'entrée en matière sont là. C'est basé sur un post-it que j'ai sur mon mur de post-its depuis dix ans. J'aime quand une idée finit par me dire qu'elle est prête à être exploitée. Puis je suis retournée à Merry, et le livre n'a jamais décollé. J'avançais à une telle vitesse que je ne pourrais jamais être dans les temps. J'ai finalement dû passer un coup de fil à mon agent et à mon éditeur et leur dire que ça n'était pas possible. Il n'y aura pas de Merry en décembre cette année. Désolée, mais non. Merry a mis le holà ; elle ne veut tout simplement pas que sa vie soit fichue en l'air à ce point. J'ai tout essayé, tout ce qui m'est passé par la tête mais, au final, Merry refuse de jouer. Je vais la laisser tranquille et laisser la muse qui joue avec elle s'asseoir et réfléchir. Je pense qu'on finira par trouver une solution, mais je ne sais absolument pas quand. Je sais que ça arrivera, parce que j'ai écrit des scènes avec les jumeaux à l'école maternelle à Los Angeles et ce sont des scènes joyeuses. On y arrivera, mais d'abord il faut vaincre Andais, ou la séduire, ou autre. J'ai quelques idées, mais elles ne sont pas encore prêtes. Ça mijote, tout doucement.

Si j'avais encore été rattachée à deux maisons d'édition différentes, j'aurais eu un énorme problème. Car l'autre éditeur aurait voulu le Merry, mais ce genre de situation est la raison pour laquelle j'ai décidé qu'un seul éditeur pour les USA serait une bonne chose. Maintenant, peu importe le livre que j'écris, il est pour eux. Ils ne vont donc pas avoir de Merry en décembre, mais ils auront le prochain Anita, même si ça ne sera pas en décembre non plus. Désolée, même moi je n'écris pas aussi vite. Ils auront le nouveau livre en temps et en heure aussi. Quel que soit le livre sur lequel je travaille, ça sera à eux de le publier et de profiter des bénéfices ; ils sont donc heureux et je peux me permettre le luxe en tant qu'auteur d'écrire ce qui parle à ma muse et ce qui est prêt à être écrit dans ma tête sans me soucier de la pression de l'échéance qui se rapproche.

C'est la première fois en 20 ans, soit 30 livres, que je suis passée complètement à côté de l'échéance en disant : « Je ne peux pas. » J'ai horreur de faire ça. J'ai horreur de dire ça, mais une fois que j'ai passé le cap de ne plus avoir d'autres choix, ça a été un immense soulagement. J'aurais dû en parler il y a deux mois déjà, mais je suis extrêmement têtue, et j'étais sûre que je pourrais forcer les choses. Mais écrire n'est pas du bricolage, il ne s'agit pas de simplement glisser la languette B dans la fente A. Si c'était le cas, tout le monde pourrait le faire et vous auriez un Merry pour Yule cette année. Il y a une part de mystère dans tout cela que moi-même je ne comprends pas complètement. Je sais qu'insister sur ce livre alors que moi, ma muse et mon personnage principal en avons fini avec lui depuis longtemps me fait du mal en tant qu'auteur, et énerve ma muse. Elle m'a abandonnée pendant un temps, ma muse. Elle m'a laissée avec l'impitoyable écran blanc, sans un mot. Je ne me suis jamais sentie si vide, pas depuis l'âge de mes 12 ans. C'était un sentiment des plus terribles. J'ai déjà éprouvé du dédain pour les auteurs atteints du syndrome de la page blanche. Je disais que c'était une perte de confiance en soi et que je n'en avais jamais réellement souffert, mais c'est plus que ça. Ma muse, quoique ça soit en réalité, a besoin d'une certaine quantité d'attention et de nourriture, et essayer de la forcer à ingurgiter le Merry nous a presque étouffé toutes les deux.

Ma muse a envie de jouer avec Anita, et la nouvelle histoire, et d'autres idées sont en train de me venir, mais seulement après que j'ai repris mes esprits et arrêté de traiter mon don, ma muse, mon inspiration comme une chaîne de montage où on peut simplement assembler un livre parce que c'est le moment de le faire. J'ai fait comme ça pendant 20 ans. Je n'ai jamais abandonné un livre en cours de route. Diable ! J'ai vendu le premier livre que j'ai écrit, Nightseer. La plupart des auteurs ont des caisses pleines de livres qui n'ont jamais trouvé preneur, et qui sont surtout invendables, mais pas moi. J'écris, je vends, c'est ce que je fais, mais pas cette fois. Cette fois, ma muse m'a fait savoir que je devais laisser tomber, ou alors elle pliait bagages et s'en allait, donc... j'ai laissé tomber. J'ai écouté cette mystérieuse part de moi-même, et je redécouvre comment nourrir ma muse, ce qui m'inspire, et ce qui l'affame, et ce qui me fait du tort en tant qu'artiste.

Je suis assez sûre qu'à un moment, vous aurez le prochain Merry, mais je ne sais pas quand. Vous aurez le prochain Anita parce que je suis en train de l'écrire et vous aurez la toute nouvelle histoire parce qu'elle a pris vie dans mon esprit et que je prends beaucoup de notes, et il y aura d'autres histoires courtes parce que ma muse et moi, nous sommes rabibochées comme un couple querelleur qui redécouvre qu'ils s'aiment, malgré tout.