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Riverfront Times - 18 novembre 2008

Interview d’Aimee Levitt - Traduction de Némésis
Parue le 18 novembre 2008 dans le Riverfront Times, journal de Saint-Louis
Article d'origine

 

Source : blog de LKHDans la douce nuit sans lune précédant Halloween, 65 personnes se regroupent autour d’un feu de camp, au milieu des bois du centre de recherche et de préservation des loups Eureka’s wild. Loin dans les ténèbres, les loups hurlent et une chouette hulule au-dessus des têtes. C’est une nuit à raconter des histoires qui font peur et peu de gens aux Etats-Unis peuvent aussi bien le faire que la petite femme se tenant face au feu.

Elle, c’est Laurell K Hamilton et durant les 15 dernières années, elle a émerveillé ses lecteurs avec des histoires de vampires, loups-garous, zombies…et d’une femme hors du commun qui doit gérer tout ce petit monde.

« Pouvez-vous nous donner quelques indices sur le futur livre ? » demande une femme.
Hamilton rigole. Les flammes du feu illuminent ses cheveux bruns frisés et se reflètent dans ses lunettes.
« Je ne suis pas très bonne pour donner des indices » répond-elle.
Elle s’arrête quelques secondes et son public attend, impatient.
« Très bien, dit-elle finalement, le nouveau livre s’appelle Skin Trade et commence lorsqu’Anita reçoit une tête sur son bureau. Je n’arrive pas à me décider si elle arrive par la poste ou par Fed-Ex. Peut-on envoyer des parties du corps par Fed-Ex ? Peu importe…c’est en réalité une invitation à Las Vegas. »

 

Anita, c’est Anita Blake, chasseuse de vampires de Saint-Louis, star de 16 romans de Laurell…et une vieille amie pour le public de ce soir.
« - Avez-vous déjà été à Vegas ? demande quelqu’un.
- 4 fois, dit-elle, et je dois y retourner une dernière fois pour voir les endroits que les touristes ne visitent jamais comme le commissariat et la morgue. Avez-vous remarqué que je ne parle pas souvent de morgue dans mes livres ? »
Le public acquiesce.
« - C’est parce que je n’aime pas les morgues, ni les morts. »
C’est une confession plutôt étonnante venant d’un écrivain détenant le record du nombre de morts dans la littérature, en dehors des romans de guerre.
« Savez-vous que les libraires ont une nouvelle façon de vous classer dans les rayonnages ? » demande une jeune étudiante libraire.
« Je sais que certains classent mes livres dans la section horreur et d’autres dans le rayon science-fiction alors que je devrais aller sur le présentoir principal en tant que best-seller du New York Times. »

 

Hamilton, 45 ans, a en effet écrit 10 best-sellers figurant dans le New York Times. Il y a plus de 6 millions de copies des aventures d’Anita Blake en circulation.
Son dernier roman Swallowing darkness est sorti au début du mois de novembre et fait parti de son autre série dédiée à Merry Gentry, une princesse fée américaine.
Les pré-commandes sur Amazon l’ont fait se classer à la 30ème place des livres les plus commandés.

Hamilton allume une petite lampe et commence la lecture de Swallowing Darkness.
Durant une heure et demie, le sanctuaire est silencieux, seuls viennent perturber le craquement du feu et le vent soufflant dans les arbres.
La fin est marquée par les grognements des gens présents, déçus que Laurell ferme son livre après 50 pages de lecture.

 

Source : Blog de LaurellPetit retour en arrière…
A l’époque où elle est étudiante au Marion College (maintenant l’université Indian Wesleyan) dans l’Indiana, elle ne se rend pas encore compte de son potentiel.
Ce sont les années où elle fait partie du programme d’écriture et où on lui reproche de « corrompre » ses collègues étudiants.
Elle est acceptée dans ce programme grâce à deux de ses histoires : une à propos
de vampires et une autre dans le style horrifique de Lovecraft.
Tout se passe bien la première année mais durant la seconde année, son professeur
s’oppose à elle en lui assénant que son style ne vaut rien et en lui imposant d’écrire
de la vraie fiction.
Mais durant le milieu du semestre, la moitié de la classe abandonne les directives du professeur pour écrire dans d’autres genres encouragés par l’attitude de Laurell.
Hamilton essaye de convaincre que la littérature peut se décliner sous différents genres.
Mais elle finit par entendre que ce qu’elle écrit est mauvais et qu’elle ne réussira jamais…
Meurtrie, Hamilton se replie en biologie tout en continuant d’écrire.
Plus tard, elle réalisa que ce professeur ne lui avait pas dit cela parce qu’elle était convaincue que Laurell ne réussirait jamais mais parce qu’elle savait que Laurell allait réussir.
« J’ai corrompu des millions de personnes à mon genre. »

L’été dernier, Blood Noir, le seizième tome dans la série des Anita Blake se classe numéro un des ventes dans le New York Times.
Il existe des comics sur les aventures d’Anita ainsi qu’un projet d’adaptation en film ou série télé. Les sites web pullulent sur la toile incluant un wikipédia spécial Anita et d’innombrables parties de jeux de rôle.

La série Merry gentry n’est pas en reste. Swallowing darkness fut initialement tiré à 200 000 exemplaires et Le baiser des ombres (1er tome de la série) approche des 500 000 exemplaires en grand format.
« Mon agent m’a dit qu’elle n’avait jamais vu deux séries d’un même auteur en tête des ventes, dit Hamilton, je suis la première.»

 

Le succès l’oblige à avoir un rythme de travail rigoureux : un Anita sort tous les printemps et un Merry tous les automnes.
Et avec les deux séries qui progressent de plus en plus, les livres sont de plus en plus longs : généralement autour de 1000 pages manuscrites.

Susan Allison, qui édite les Anita depuis 6 ans, attribue à Laurell la création d’un nouveau genre au sein de la section paranormal : un mix d’horreur, de mystère et de romance.
Beaucoup de best-sellers sont aujourd’hui issus de ce genre mais Laurell fut la première.
Reprenant les mots d’USA Today : « Ce que le Da Vinci Code a fait pour les romans religieux, les Anita l’ont fait pour les romans mettant en scène des vampires. »
Concernant son rôle dans ce nouveau genre, voici ce que pense Laurell : « si l’imitation est la plus belle forme de flatterie alors je suis flattée au-delà de mes espérances ».

Mais revenons à sa technique d’écriture : Laurell avoue qu’elle n’est pas le genre d’auteur pouvant écrire sur une ville juste avec un guide touristique sous les yeux : « J’ai besoin de quelque chose de solide et de concret. Comme pour Saint-Louis que j’adore, c’est véritablement ma maison où j’aime me promener. Saint-Louis est un mélange de grandes villes, de banlieues et de campagnes ; vous avez le Fox Theatre, très urbain, et lorsque vous continuez, à environ une demi-heure de route, vous vous retrouvez entouré de verdure. Il n’y a aucune autre ville comme celle-ci. »
Son cimetière favori est celui de Bellefontaine « des anges et des mauvaises herbes, j’aime ça ! ».

 

C’est en 1987, que Laurell quitte Los Angeles pour Saint-Louis avec son ex-mari qui avait trouvé un emploi comme programmeur informatique. Elle découvre le potentiel de la ville à la suite d’un enterrement de vie de jeune fille célébré à Laclede : « c’était parfait, se souvient-elle, la rivière, les petites rues pavées. Ce fut une heureuse surprise. »
Dans les Anita, cette partie de la ville est celle du quartier rouge où beaucoup de
commerces sont tenus par des vampires.

Laurell utilise régulièrement des endroits existants de Saint-Louis pour ses livres : Anita achetant son café à VJ coffee and tea sur Olive boulevard, pestant sur le trafic de l’I-270, traquant un tueur en série dans Wildwood, visitant un club de bondage dans Sauguet et allant à un rendez-vous au Fox Theatre qu’aussi bien elle que l’auteur adorent.
Laurell essaye d’utiliser au maximum des endroits réels et qu’elle connaît sauf lorsqu’ils sont potentiellement dangereux pour les fans extrêmes : « dans un des livres, Anita doit nager dans une cave souterraine, ce qui est très dangereux et à une de mes séances de dédicaces, je me souviens qu’un couple m’a avoué tracer l’itinéraire d’Anita à travers Saint-Louis mais qu’ils n’avaient jamais trouvé ces fameuses caves pour les explorer ! »

 

Hamilton vit dans la banlieue sud avec son nouveau mari, Jonathon Green, sa fille, Trinity et leurs deux chiens.
Elle écrit au second étage de leur maison, nouvellement rénovée, dans une grande pièce éclairée et peinte en bleue car « sa stimule ma créativité ». Elle y a quatre bureaux pour lui permettre de changer de place quand elle bute dans son écriture. Elle avoue se mettre face au mur quand l’inspiration lui manque pour éviter d’être distraite.
Elle travaille en 2 blocs de 4 heures pendant que sa fille est à l’école. Elle commence à 8h30 tous les matins et ne s’arrête que lorsqu’elle a écrit un certain nombre de pages : entre 4 et 8.
Son mari et Darla Cook, son assistante personnelle, l’aide dans tout ce qui n’est pas l’écriture en elle-même comme répondre aux courriers des fans, Jonathon se charge particulièrement de la version comic des Anita.
Tous les deux ont appris à jauger l’état de Laurell grâce à la musique qui leur parvient de son bureau : « généralement, elle utilise un CD par livre, dernièrement elle écoute surtout du heavy métal et du hard-rock. Si ça ne va pas, elle écoute des comédies musicales et si plus rien ne va, elle se met aux chants de Nöel ».

 

Lors des séances de dédicace, peu de questions la surprennent encore. La plus courante est de savoir d’où elle tire ses idées.« Mes écrits viennent de ce que j’appelle mon puit émotionnel de douleur ». Personne n’ignore que ses parents ont divorcé lorsqu’elle était bébé, qu’elle n’a jamais connu son père, et que sa mère est morte dans un accident de voiture lorsqu’elle avait 6 ans.
« Je n’ai jamais eu ce sentiment d’être invulnérable ou d’être en sûreté, la mort de ma mère m’en a privé ».

Hamilton fut élevée par sa grand-mère, Laura Gentry, à Sims dans l’Indiana. Elle était la seule orpheline à l’école et se sentait exclue d’autant plus que sa grand-mère ne conduisait pas.
A la maison, elle avait l’habitude de raconter à sa petite-fille des histoires de fantômes et ensemble elles regardaient les films d’horreurs qui passaient à la télé.
C’est à cette époque que Laurell tombe amoureuse des vampires surtout grâce au film Vampire Circus : « je préfère les êtres qui peuvent manger et se nourrir des autres car le danger est plus réel. »
Bizarrement, des années plus tard en revoyant le film, Laurell se rend compte que le vampire principal ressemble beaucoup à Jean-Claude, le maître vampire de Saint-Louis.

A 14 ans, inspirée par "Pigeons from Hell" de Robert E. Howard, elle écrit sa première histoire « je me souviens que c’était un conte macabre mettant en scène une famille qui se fait massacrer à l’exception du plus jeune qui se traîne jusqu’au bois pour mourir. Je l’ai montré à ma grand-mère et à mon oncle. Ils n’ont pas été horrifiés. »
C’est à ce moment-là qu’elle décide de devenir écrivain.
Depuis le début, elle prend son travail très au sérieux « quand j’avais 17 ans, je m’interdisais d’aller à des sorties à la plage car je n’avais pas fait le nombre de pages que je m’étais imposée. »
« Laurell a toujours voulu être un succès commercial, observe Sharon Shinn, une amie et une membre de son groupe d’écriture, elle préfère le succès aux prix. »

 

A la fac, malgré sa débâcle avec le programme d’écriture, Hamilton commence à vendre quelques histoires alors qu’elle n’a que 20 ans.
Elle vend son premier roman, Nightseer, quand elle a 24 ans mais il faudra 4 ans pour qu’il soit publié : « j’ai tenu le livre le jour de mes 29 ans ».
Mais à l’époque, Laurell a déjà déménagé sur Saint-Louis et commencé à écrire Plaisirs Coupables, le premier tome de la saga Anita Blake.

Nighsteer n’eut pas suffisamment de succès pour que son éditeur publie la suite mais ce livre est à la base de la rencontre de Laurell avec Jonathon qui le lut en 1993 : « j’ai pensé que c’était un très bon roman de fantasy, les personnages me captivaient. »
Cette année-là, il rencontre pour la première fois Laurell à sa séance de dédicace à la convention de science-fiction de Saint-Louis.
Hamilton est toujours mariée à son premier mari et considère Jonathon comme un fan dévoué, rien de plus.
Ils ne commenceront à se fréquenter qu’en 2000 après son divorce.
« Au début, seulement 4 personnes venaient à mes séances de dédicaces : Jon et son ami Andrew, Darla et mon mari Jack » se souvient-elle.
Jon et Darla resteront ses plus grands fans.

Son autre source d’encouragement durant ces années fut son club d’écriture : les Historiens Alternatifs, qu’elle forma avec 6 autres écrivains peu après avoir emménagé à Saint-Louis.
Le groupe a fêté récemment ses 20 ans d’existence : « ce groupe est une grande aide pour moi car au début, je ne savais comment bien écrire un livre, mon premier était publié mais sa suite non, j’avais besoin de comprendre pourquoi et nous en avons parlé pendant des heures. »

Cela prit 2 ans et 200 refus avant que Plaisirs Coupables ne soit acheté par Penguin Putnam.
Laurell se souvient : « tout le monde l’adorait mais personne ne savait quoi en faire. Les éditeurs de l’horreur pensaient que je devais essayer du côté de la science-fiction ou de la fantasy, et les éditeurs de science-fiction me renvoyaient sur les éditeurs de policiers. Il m’a fallu attendre avant que ce livre ne devienne un succès. »
« Les éditeurs font peu de pub autour de nouvelles séries, cela marche beaucoup au bouche à oreille. C’est très aléatoire, certains bons romans tombent dans l’oubli à cause de ça », explique Martha Kneib, une membre des Historiens Alternatifs.
« Ce fut à partir du 5ème Anita que cela a vraiment décollé, se souvient Darla, plus de 3 ans après la publication du premier tome. Les auteurs comme Stephenie Meyer qui connaissent le succès dès leur premier roman sont des exceptions, pas la règle. »
« Les ventes ne cessent d’augmenter, remarque Susan Allison, les ventes ont été énormes pour Blood Noir qui fut numéro 1 pendant 4 semaines au New York Times. Ses 3 livres précédents s’étaient tous classés en 2ème place. »
« J’avais l’habitude d’écrire sans que personne ne s’en préoccupe mais maintenant mes éditeurs me surveillent pour être sûr que le livre soit prêt à temps », ajoute Laurell.

Anita Blake reste la série phare d’Hamilton ainsi que celle qu’elle affectionne tout particulièrement. Anita et Laurell travaillent ensemble depuis plus de 20 ans maintenant même si Anita n’a que 29 ans.
« Anita est venue avec moi de Los Angeles, se rappelle Laurell, c’est une période de ma vie où je me sentais très seule. Mon mari avait un travail alors que je n’avais rien trouvé pour moi, je ne connaissais personne. Je suis allée à la librairie du coin et j’ai commencé à lire les séries de suspens de Robert Parker, Sue Grafton et Sara Paretsky. Dans tous ces livres, les hommes se battaient et couchés parfois avec des femmes, les femmes, de leur côté, rien. J’ai pensé que c’était terriblement injuste. J’ai voulu relever le niveau mais pas en restant dans les limites du roman suspens car je me serais ennuyée, j’avais besoin de me trouver des outils avec lesquels m’amuser.
Pour cela, j’ai regardé le monde autour de moi en me demandant ce qui arriverait si les vampires existaient et qu’ils étaient partie prenante de notre quotidien.
»

 

Dans l’univers d’Anita, les vampires ont des droits, grâce à un cas de la cour suprême des Etats-Unis, et ont appris à maîtriser leur soif de sang. On y rencontre aussi toutes sortes de métamorphes : loups, léopards, renards…qui se transforment lors de la pleine lune. Comme les vampires, ces derniers sont plus ou moins exclus de la société s’ils ne cachent pas leur identité.
Anita est, quant à elle, une réanimatrice : elle possède le don de relever les morts et en a fait son métier, relevant les défunts pour des causes diverses mais toujours légales. Elle est aussi une tueuse de vampires quand ceux-ci enfreignent les règles et une consultante pour la brigade de police de Saint-Louis qui gère les cas surnaturels.
Contrairement à beaucoup d’héroïnes de romans vampiriques, comme Bella Swan de Stephenie Meyer, Anita ne dépend pas de son amoureux vampire pour être secourue des situations dangereuses.
Elle est petite mais forte, grande gueule, toujours armée jusqu’aux dents. Au fil des tomes, elle couche avec pas mal de personnes différentes, 11 au dernier décompte, incluant des vampires et des métamorphes de tous poils.
« Il n’y a rien d’embarrassant à écrire des scènes de sexe à partir du moment où tous les participants s’amusent », observe l’auteur.

Laurell prend très à coeur qu’Anita prenne la pilule et que les hommes portent des préservatifs.
Bien qu’Anita vive dans un monde qui n’existe pas, Hamilton fait beaucoup de recherches pour rendre tout cela le plus réaliste possible.
Son passé d’étudiante en biologie l’a aidé à travailler les transformations des métamorphes.

Elle a posé pas mal de questions à la police de Saint-Louis pour en savoir plus sur les techniques d’investigations et pour mieux cerner la psychologie d’Anita : « je voulais comprendre ce que ressentaient les gens qui tuent dans l’exercice de leur fonction. Ils perdent toujours un peu d’eux-mêmes sauf s’ils sont des sociopathes ».
Hamilton est aussi devenue une experte en armes à feu. Après toutes ces années d’écriture, elle dit fièrement n’avoir fait qu’une erreur : « un corps humain ne peut pas être coupé en deux avec un simple Uzi ».

L’auteur trouve l’inspiration dans sa propre vie surtout au début où Laurell et Anita étaient très similaires : même taille, même couleur de cheveux, même absence de mère, même sens de l’humour.
Anita et Laurell sont tellement liées que parfois l’auteur a du mal à coucher sur papiers ses idées car son héroïne n’est pas d’accord avec elle.

 

Source : blog de LKHLa même chose est moins vraie avec son autre héroïne Merry Gentry surtout dans les premiers tomes où l’héroïne suivait la direction de Laurell mais les choses ont commencé à se corser dans le dernier tome Swallowing the darkness où Merry s’est imposée plus que d’habitude.
Merry est une princesse fée mais on est bien loin de l’image de la Fée Clochette.
Ici, les sidhes sont grands, élégants, féroces avec un grand pouvoir sexuel. Merry se bat parmi de nombreuses intrigues politiques pour récupérer le trône des Unseelies.
« C’est marrant de voir Laurell se battre avec ses personnages, elle en
deviendrait dingue
», raconte Darla.
« Si un personnage est assez fort pour débattre avec moi, je considère que c’est sa vie et pas la mienne. Parfois, il met à mal mon intrigue mais je fais avec », précise Laurell.

 

L’auteur avoue avoir beaucoup de mal à tuer ses personnages : « la première personne que j’ai tué, c’était dans Plaisirs coupables. J’étais horrifiée et aies dû m’arrêter d’écrire pendant quelques jours. Après cela, Anita et moi avons passé un marché comme quoi je ne tuerais personne qui l’attire. Mais maintenant, tout le monde l’attire ! Dans la vraie vie, les gens meurent mais dans la fiction, vous pouvez les sauver, vous pouvez toujours réécrire le
passage contrairement au quotidien où les gens décédés restent décédés.
»

 

Quand Hamilton termine sa lecture dans le sanctuaire, son audience quitte le feu de camp et s’aventure un peu plus dans la forêt pour entendre les loups hurler.
Après plusieurs minutes silencieuses à suivre le guide, les premiers hurlements se font entendre et c’est bientôt un coeur de loups qui comblent le silence de la nuit pour la plus grande joie des fans.
Ensuite, retour près du feu de camp dans une petite hutte où les participants trouvent des boissons et des gâteaux ainsi que l’auteur qui se prépare à la séance de dédicace de Swallowing darkness qui va suivre.
Hamilton a créé un lien très fort avec ses fans grâce à de fréquentes séances de lecture, des évènements de charité et à son blog régulièrement mis à jour.
Elle possède également un site web où elle vend des produits dérivés de ses séries : bijoux, T-shirts, jouets…que les fans amènent souvent pour qu’ils soient dédicacés.
« Beaucoup d’auteurs sont très timides mais pas Laurell, elle ne craint pas de s’exprimer devant une foule. Elle adore discuter avec ses fans », précise Darla.

« Parfois, il est fatiguant d’être moi, raconte Laurell, un jour je suis allée faire des recherches, je n’étais pas maquillée et les gens qui m’ont vu ce jour-là, sont allés me critiquer après sur le web. Je suis écrivain, il ne m’ait jamais venu à l’esprit que je me devais d’être impeccable à chaque fois que je sors. Les gens s’attendent à ce que j’ai l’air spécial à cause de mon métier. »
Depuis Laurell s’oblige à porte de l’eye-liner et du rouge à lèvre ainsi que de l’anti-cerne.
Malgré tout, Laurell déçoit parfois certains de ses fans qui s’attendent à trouver une réplique d’Anita Blake : « si je pouvais tout recommencer, je ferais d’Anita une blonde », plaisante-elle.
Les confusions faites entre l’auteur et son personnage sont parfois plus dérangeantes.
A l’automne 2001, juste avant de célébrer son mariage avec Jonathan dans la tradition wiccane, elle l’emmena avec elle dans son tour pour fêter la sortie du 10ème Anita Narcissus in chains.
Ce tome est un tournant dans la série : Anita rompt définitivement avec Richard le loup-garou et commence à coucher et à vivre avec deux léopards garous, Micah et Nathaniel.
Certains fans arrivèrent très vite à la conclusion que Laurell s’était basée sur son divorce et son engagement avec Jon. Ils étaient furieux.
« J’étais perdu, se remémore Jon, les gens me reprochaient le nouveau choix de vie d’Anita plus que la décision de divorcer de Laurell. »
« Les gens réagissaient comme si j’avais rompu avec leur petit frère, ajoute Laurell, je n’ai jamais réussi à démentir la rumeur comme quoi ce tome se basait sur ma vie. »
Le nouveau mode de vie d’Anita adopté dans Narcissus in chains et dans ses suites a fait d’Hamilton, une porte-parole involontaire de la communauté polyamoureuse.
« Je suis une romantique pratique, affirme l’auteur, mon mari et moi avons discuté de l’éventualité d’inclure une troisième personne à notre maison, d’un point de vue économique, nous serions gagnant mais d’un point de vue humain, cela pose quelques difficultés au niveau affectif surtout. »

Anita est une chanceuse : tous ses hommes sont de beaux mâles avec de l’endurance. Beaucoup de fans l’envient et demande à Laurell leurs numéros de téléphone et si Jon est aussi bien « bâti » !
C’est à cause de ce genre d’indiscrétions, et aussi à cause du public masculin qui a tendance à faire pas mal de propositions à Laurell, qu’elle voyage toujours avec un service de sécurité qu’elle paye de sa poche.
Du fait de quelques fans vraiment très intrusifs, Laurell ne révèle plus où elle vit exactement ni l’âge de sa fille.
Darla se souvient : « elle a reçu une lettre d’un homme en prison pour avoir frappé et violé une femme, il disait aimer Laurell et vouloir l’épouser. J’ai transféré cette lettre à son jury de libération anticipée. »
« J’ai un nouveau but, raconte Laurell, je ne veux ni apparaître dans le Jerry Springer show, ni inspirer un épisode de New York District. »
Heureusement la majorité de ses fans ne sont pas comme ça et sont même les « meilleurs fans du monde » selon Laurell.
Elle reçoit 100 emails tous les jours et 100 courriers par semaine en moyenne, et la newsletter de son fan-club News to die for compte 3500 inscrits.
« Nombreuses sont les personnes qui m’ont dit être sorties d’une relation abusive grâce à Anita car cette dernière le refuserait, raconte Laurell, les femmes ont du mal comprendre qu’elles n’ont pas à être des victimes. Cela me choque, on m’a élevé pour que je sois assez forte pour survivre et certaines personnes ne supportent pas qu’on leur dise qu’elles doivent être fortes. »

 

Retour au sanctuaire des loups où Laurell discute avec ses fans, dédicace des livres, prend la pose pour les photos et accepte de rejoindre une société de chasseurs de fantômes.
Ce soir, 3000 dollars ont été récoltés pour le sanctuaire grâce à elle…une bonne soirée de travail.
Mais demain, elle sera de retour à son bureau pour coucher sur papier les nouvelles aventures d’Anita : « elle pourchasse des tueurs et essaye de ne coucher avec personne de nouveau. Elle est fatiguée, tout comme moi. »