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Interview Jeanne Faivre D'Arcier - Retranscription - partie 2

Vers la première partie

 

Arc : Quel a été l'élément qui vous a donné envie de reprendre la série puisque vous vous êtes arrêtée pendant quelques années ?

JFA : L’élément, je crois que c’est vraiment la découverte de la manière dont j’allais m’inscrire dans cette histoire. Et la reprendre par un autre côté de la lorgnette. On commence comme un roman noir et on bascule dans la littérature fantastique.

C’est aussi une conversation avec mon mari, qui est éditeur (qui ne l’est plus mais qu’il l’a été), qui m’a beaucoup protégée et managée dans ma vie littéraire. Souvent mes meilleures idées de livre, c’est lui qui me les donne. Il me les souffle. Il me dit un truc et clac, ça fait tilt ! Il m’a dit : « Fuis tes vampires, la confrontation des deux. » J’ai dit : « Ah oui, c’est intéressant. » Il m’avait dit pour Rouge Flamenco, Carmilla est la femme fatale. Ok. La déesse écarlate est venu tout seul parce que j’avais travaillé sur le personnage de Mara qui apparaît dans le premier livre. Je me suis dit : « On a effectivement les gitans qui emmènent Carmilla à Séville, qui font d’elle une danseuse de flamenco. » Les gitans sont originaires très lointainement de l’Inde donc l’Inde ! Là, effectivement, l’idée du Dernier vampire, c’est vraiment cette conversation avec mon mari qui m'a dit : « Tu mets en scène : un flic et un vampire .» Et, après, j’ai fait l’histoire.

Arc : De tous les personnages abordés : Carmilla, Mara, Donnadieu, Christine, quel a été votre préféré ? Le plus dur à écrire ?

JFA : Je pense que c'est Christine qui m’a donné le plus de fil à tordre. Parce qu’elle est à la fois très tourmentée, très froide et, en même temps, il fallait qu’elle soit sympathique. Le mixe des trois n’était pas forcément une évidence pour moi. J’ai eu du mal aussi avec Donnadieu parce qu’il est extrêmement antipathique. C’est un personnage totalement répugnant. Petit à petit, on le découvre sous un jour différent.

La difficulté du livre, ça a été la création de ces 2 personnages et leur confrontation. Je m’en suis sortie en tirant un lapin de mon chapeau. Parce que cette confrontation-là pouvait durer un bon moment mais cela n’allait pas tenir tout le long du livre ; il fallait donc que je trouve un élément qui puisse remettre du piment dans l’histoire et qui donne un second souffle au livre. Ce souffle, je l’ai trouvé avec Suzanne qui est le personnage de la femme médecin-anesthésiste. Je n’en dis pas plus.

Arc : Vous faites subir à vos héroïnes des épreuves d'une rare dureté (abandon, viol, etc.). Est-ce qu'un parcours initiatique aussi intense était nécessaire pour les amener là où elles sont aujourd'hui ? C'est un choix délibéré dès le départ ou est-ce devenu une évidence à mesure que vous écriviez sur ces personnages ?

JFA : Il y a des choses qui étaient délibérées. Capitaine Deroche par exemple, je voulais en faire une femme rebelle, lesbienne, en révolte contre sa hiérarchie, ayant eu un passé très douloureux donc qui explique un petit peu, effectivement, son parcours personnel. Idem pour Donnadieu, c'est quelqu'un que j'ai complètement travaillé à l'avance, je savais comment il allait évoluer, comment j'allais arriver à le rendre plus attachant qu'il ne l'était au départ. En revanche, il y a eu des surprises. La surprise, c'est Suzanne. Au début, pour moi, Suzanne ça n'était qu'une femme-objet. C'était le prétexte pour continuer l'histoire. C'était un prétexte pour faire souffrir Christine puisque le héros, Donnadieu, s'attache à la faire souffrir en la touchant devant les gens qui l'aiment. Puis à un moment je me suis dit : « Il y a une confrontation entre Donnadieu et Suzanne. Cette femme ne peut pas être qu'un otage. » Après, j'ai pensé au syndrome de Stockholm évidemment.

Arc : Avez-vous envie d'écrire d'autres histoires sur les vampires ?
Si oui, aura-t-on un tome dédié au personnage Johannès que l'on découvre dans le 1er tome ?

JFA : Je ne pense pas que je reviendrai sur Johannès. Je reviendrai peut-être à Donnadieu car c'est un personnage, qui pour moi, est très fort. Comme j'ai mis du temps à faire mon deuil de ce personnage, j'ai écrit un scénario avec lui pour un prochain livre. Après, je me suis dit, toujours avec mon ambivalence vis-à-vis des séries : « Donnadieu, j'ai déjà passé deux ans et demi dessus. Est-ce que j'ai envie de repasser autant de temps avec lui ? Est-ce que je vais être au niveau si j'écris un autre livre avec ce personnage ? Je n'en sais rien. » Fermeture de la parenthèse, j'ai mis ça dans un tiroir puis j'ai écrit tout à fait autre chose. Un roman noir pour enfant chez Syros. Là je suis sur un roman contemporain qui se passe à Pigalle qui n'a absolument rien à voir ni avec le roman noir ni avec la littérature fantastique . On est dans la littérature générale. Comme je l'ai dit tout à l'heure, en lisant les livres de Jean D'Aillon ou la série des Nicolas Le Floch, le flic de la fin de l'ancien régime , je me suis dit : « Ah, quand même, les séries, c'est pas si mal ! » J'ai donc ce projet avec Donnadieu qui verra le jour ou non. Je ne sais pas. Il y a des moments où je me dis que oui, je vais le faire. Si je le fais, je reprendrai mon intrigue parce que je ne la trouve pas au point pour l'instant. C'est un projet. Point d'interrogation.

Arc : Combien de temps vous a pris l'écriture de ce livre ?

JFA : Je mets beaucoup de temps pour écrire mes grands formats parce que je suis assez perfectionniste. Je travaille beaucoup le style et je passe beaucoup de temps à dérouler l'intrigue. Il a fallu deux ans et demi, mais c'est la moyenne de temps qu'il me faut pour écrire un livre de 250 à 400 pages.

Arc : Pour finir, un mot à dire à vos lecteurs ?

JFA : J'espère qu'ils vont apprécier le livre. J'espère que je vais avoir de bonnes retombées. Et j'espère qu'ils vont bien s'amuser avec mes personnages.

Merci à Jeanne Faivre d'Arcier de nous avoir accordé quelques instants.